Le Comité Olympique International continue à faire des contorsions ou, si je peux me permettre l’expression, de la politique à multiples faces.
Restant accroché à une démarche qui l’avait amené, suite à un documentaire réalisé par la chaîne allemande ARD et à un rapport effectué par l’Agence Mondiale Antidopage (AMA), à refuser la participation des athlètes russes aux Jeux Olympiques de Rio dans différentes disciplines dont celle de l’athlétisme, le Comité Olympique International récidive.
Il a décidé de confirmer la suspension de la Russie aux Jeux Olympiques d’hiver mais en admettant toutefois que les athlètes russes pourront prendre part aux Jeux sous la bannière du Comité olympique international et non sous celle de leur pays. Cette prise de position satisfera tous les tartufes qui, sans trop se soucier de ses raisons et de ses conséquences, brandiront cette « suspension » comme un signe de la saine autorité du CIO dans la lutte que se doit de mener le mouvement sportif contre l’utilisation du dopage. Tant mieux pour eux.
Pour ma part, je ne me résous pas à la considérer comme heureuse ou opportune. Elle ne me satisfait guère, ou plutôt pas du tout, dans la mesure où elle me donne à penser que le CIO se complaît dans cette situation où il peut donner l’impression qu’il est répressif en matière de lutte contre le dopage alors qu’il est bien d’autres pays où le « traitement assisté des athlètes » ou « laissé aux soins de médecins hautement spécialisés en la matière » ne fait pas du tout l’objet d’investigations semblables à celles qui ont été et continuent à être menées en Russie. Cette situation est d’autant plus ambiguë quand on se souvient que les Jeux d’hiver de 2014 ont eu lieu à Sotchi, en Russie donc, et que le CIO, qui était pourtant à la manoeuvre en matière de détection des cas de dopage, ne tarissait pas d’éloges alors, attitude qui était tout aussi peu appropriée que l’est aujourd’hui son positionnement d’ordre critique, à l’égard du pays hôte.
Il est à espérer que Thomas Bach trouvera assez rapidement la bonne solution pour sortir le CIO de l’ornière dans laquelle le mouvement olympique et l’image du monde sportif se trouvent aujourd’hui plus qu’englués. Il y va non seulement de son crédit personnel mais, plus important encore, de la restauration de la bonne foi et de la crédibilité de l’institution dont il est le Président.
Les Jeux Olympiques d’hiver 2018 de PyeongChang (9-25 février) en Corée du Sud se dérouleront sans la Russie. Suite à une affaire de dopage à grande échelle, le pays se voit suspendu de la compétition, bien que ses athlètes pourront participer sous le drapeau olympique.
La Russie a été suspendue des prochains jeux Olympiques d’hiver 2018 par le comité international olympique (CIO) pour dopage institutionnalisé. Ses sportifs sont toutefois autorisés à participer aux épreuves organisées à Pyeongchang (Corée du Sud) du 9 au 25 février, sous drapeau olympique et strictes conditions.
→ Les organisateurs sud-coréens ont d’ailleurs annoncé qu’ils acceptaient de les accueillir sous drapeau olympique.
Le CIO a également annoncé le bannissement à vie des JO du vice-Premier ministre russe Vitali Moutko, longtemps en charge des sports. En réaction à cette décision, la télévision d’Etat russe a indiqué qu’elle ne diffusera pas ces JO d’hiver.
Une heure après l’annonce, le Comité olympique russe (ROC) a annoncé quant à lui qu’il allait faire appel devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne. « Punir des innocents est injuste et immoral » estime le ROC.
Cette décision prise pour des raisons sportives est une première dans l’histoire olympique, et intervient alors que la Russie est accusée d’avoir mis en place un système de dopage institutionnalisé de 2011 à 2015, en particulier lors des JO d’hiver 2014 que le pays a organisés à Sotchi. « Il s’agit d’une attaque sans précédent contre l’intégrité des jeux Olympiques et du sport. La commission exécutive du CIO, a pris des sanctions proportionnées au regard de la manipulation systémique, tout en protégeant les athlètes propres« , a déclaré le président du CIO Thomas Bach dans un communiqué.
Le CIO suit ainsi, deux ans plus tard, la voie tracée par la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), qui avait suspendu la Fédération russe le 13 novembre 2015 après les révélations d’un dopage systématique couvert par les autorités russes dans la première discipline olympique, et offert la possibilité aux athlètes russes pouvant montrer patte blanche de participer sous la bannière olympique aux JO-2016 de Rio, puis aux Mondiaux de Londres-2017.
Près de 17 mois après les révélations en juillet 2016 du rapport McLaren, établissant un dopage d’État dans le sport russe entre 2011 et 2015, avec l’implication de Moscou et des services secrets (FSB), le CIO a donc décidé de prendre ses responsabilités et de sanctionner la Russie.
Avant les JO-2016 à Rio, l’instance suprême de l’olympisme avait renoncé à suspendre la superpuissance sportive, renvoyant aux fédérations internationales le rôle de faire le tri au sein des sportifs russes, un procédé qui avait été vivement critiqué à l’époque.
Au final, seul l’athlétisme avait durement sanctionné la Russie, qui avait présenté une délégation de 276 sportifs à Rio, contre 387 envisagés initialement. Mais après un an et demi d’enquête de deux commissions, mises sur pied par le CIO, les preuves amassées étaient bien trop importantes pour se décharger une nouvelle fois.
L’humiliation ou le boycott
Cette décision met le président russe Vladimir Poutine devant ses responsabilités, avec le choix à un peu plus de trois mois de l’élection présidentielle, de l’humiliation ou du boycott. « Un boycott olympique n’a jamais rien résolu« , a d’ores et déjà déminé Thomas Bach, ce mardi soir.
Le 19 octobre, Poutine avait pourtant prévenu: obliger les athlètes russes à évoluer sous bannière neutre constituerait une « humiliation pour la Russie« , estimant qu’une telle décision « ferait du mal au mouvement olympique« .
Avec la décision historique du CIO, le voilà obligé de choisir, soit d’accepter la proposition du CIO, soit d’aller à l’épreuve de force et de boycotter l’édition sud-coréenne des Jeux d’hiver.
Le président du Comité olympique russe Alexander Zhukov – également suspendu ce mardi – avait clairement expliqué qu’aucun sportif russe ne se rendrait sous drapeau neutre à Pyeongchang.
via La Russie suspendue des JO d’hiver 2018 | L’Echo